Oh ! métier maudit... où aucune sensation ne nous appartient, où nous ne sommes maîtres ni de notre joie, ni de notre douleur... où, le coeur brisé, il faut jouer Falstaff ; où, le coeur joyeux, il faut jouer Hamlet ! Toujours un masque, jamais un visage... Oui, oui, le public s'impatiente... car il m'attend pour s'amuser, et il ne sait pas qu'à cette heure, mes larmes m'étouffent. Oh ! quel supplice ! Et puis, si j'entre en scène avec toutes les tortures de l'enfer dans le coeur ; si je ne souris pas là où il me faudra sourire, si ma pensée débordante change un mot de place, le public sifflera, le public, qui ne sait rien, qui ne comprend rien, qui ne devine rien de ce qui se passe derrière la toile... qui nous prend pour des automates... n'ayant d'autres passions que celles de nos rôles... Je ne jouerai pas.