« Les collèges de l’île accueillaient jusqu’à deux mille élèves parfois, le plus peuplé étant celui de Doujani, un collège encerclé par les bangas en surplomb. À l’invitation du principal, je me suis rendu au collège. D’emblée, le personnage me séduisit avec son regard doux et sa poignée de main franche. Nous parcourûmes l’établissement et ses abords de long en large. Il m’avoua en aparté qu’il s’était interrogé sur sa présence ici quand deux rentrées plus tôt il y fût affecté. Ce qu’il avait découvert dépassait de loin toutes ses représentations et perclus de doutes il s’était demandé s’il serait de retour sur l’île après les vacances de la Toussaint passées en métropole. Finalement le doute n’étouffa pas son engagement et il dirigeait encore cet établissement, un cloaque qui témoignait des périls insulaires et de leur imminence. »
Dans le jargon néo-managériale, Anaxagore est ce qu’on appelle un haut potentiel. Au prix de sacrifices importants, il s’est hissé à la tête d’organisations administratives complexes. Il a été nommé à Jazirat el mawt pour administrer le système éducatif d’une île où se conjuguent périls suspendus et existences précaires dans un contexte géopolitique et climatique instable.
Bientôt va se refermer le piège de l’exil pour Anaxagore qui doit rejoindre impérativement la métropole, rattrapé par un passé qu’il ne peut fuir. L’aveu de sa faiblesse va précipiter sa chute, mais après les désillusions et l’amertume, la vie lui offre l’opportunité de découvrir le royaume restreint – une autre île aux frontières de l’amour et de l’amitié.