Introduites par Georges P. Savidis, ce petit volume contient vingt-sept réflexions intimes du poète néo-alexandrin Constantin Cavafis sur son art et son orientation amoureuse. Traduites pour la première fois dans leur intérgralité, ces Notes de poétique et de morale sont présentées en regard de l’original grec.
Ἐργάζομαι σὰν τοὺς ἀρχαίους.
Ἔγραφαν ἱστορία, ἔκαμναν φιλοσοφία,
δράματα μυθολογικῆς τραγικότητος — ἐρωτοπαθεῖς —τόσοι τους — ὅμοια σὰν ἐμένα.
Je travaille comme les anciens. Ils étaient historiens, philosophes, mettaient en drames le tragique de la mythologie — et presque tous, comme moi, étaient malades d’amour.
Cavàfis est l’anti-Rimbaud : son développement fut progressif et lent. Ses premiers poèmes sont écrits à l’ombre des Parnassiens, de Baudelaire, des Symbolistes, de Browning ; il ne devient pleinement lui-même qu’aux abords de la quarantaine — un peu comme Proust, son contemporain. Il publie peu et comme à regret, retravaillant certains poèmes inlassablement pendant des années. Il ne verra pas la première édition d’ensemble de son œuvre, parue peu après sa mort.
Les éditions françaises de Cavàfis, conformément à l’usage grec dominant, placent les Poèmes publiés en tête, éventuellement suivis d’une partie de l’œuvre non officielle. Nous avons choisi une présentation différente, chronologique — en précisant bien à quelle catégorie appartient chaque poème. Cette disposition nouvelle donne au lecteur un point de vue différent sur l’œuvre ; moins solennelle, plus intime, plus vivante, elle permet de suivre la progression du poète qui cherche sa voix, qui devient peu à peu lui-même. On n’en sera que plus ébloui par les merveilles de la fin.