La vie de Yòrgos Sefèris fut une série d'exils. Forcé de quitter tout jeune sa terre natale d'Asie Mineure, puis devenu diplomate en poste loin de son pays, il y a peu vécu. Pourtant on ne peut guère être plus grec que ce cosmopolite imprégné de culture anglaise et française. Le sujet de sa poésie, ce n'est pas lui-même, mais les Grecs et la Grèce. Un poème de lui, c'est bien souvent, à l'occasion d'une lecture, d'un événement ou de la visite d'un lieu, la rencontre du passé grec antique et de l'actualité du temps.
Sefèris est le chroniqueur par excellence des épreuves de son pays. « Partout dans mes voyages, la Grèce me fait mal » - c'est son vers sans doute le plus célèbre. Il aime sa patrie, qui le désole. Il en parle mieux que personne, avec une tendresse et une lucidité amère également poignantes, dans des poèmes d'une rare splendeur, trop novateurs sans doute : la Grèce l'a très longtemps ignoré avant qu'il devienne, peu avant sa mort, le prix Nobel aidant, une sorte de poète national.
Quant à nous autres francophones... Nous disposons d'une bonne demi-douzaine d'intégrales de Cavàfïs, mais c'est la première fois que se trouvent rassemblés dans notre langue, ici même, tous les poèmes de Sefèris ou presque. Un demi-siècle après sa mort. Ses deux premiers recueils sont ici traduits en français pour la première fois, près de cent ans après leur apparition.
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