1830 : Occupée depuis 450 ans par les Turcs ottomans, la Grèce obtient enfin son indépendance au bout de dix ans de luttes sanglantes. 1914 : l'Empire ottoman, proche de sa fin, massacre à grande échelle les Arméniens et les Pontiques - des Grecs qui vivaient depuis l'Antiquité, sur la rive sud du Pont-Euxin, l'actuelle Mer Noire. 1938 : de nombreux Pontiques survivants, qui s'étaient autrefois réfugiés dans l'Empire des Tsars, à Soukhoumi en Géorgie, sont sommés, cette fois par les Soviétiques, de s'enrôler dans l'Armée Rouge. Ceux qui refusent ont deux jours pour fuir vers leur "mère-patrie", la Grèce, qu'ils ne connaissent pas. Léontis et Panaïla, un couple de paysans pontiques, et leurs deux jeunes fils, abordent ce pays inconnu, une Grèce très pauvre, qui a déjà dû accueillir un million et demi de réfugiés grecs d'Asie Mineure en 1923. Ils vont affronter la misère et le rejet des autochtones qui ne comprennent pas leur langue, grecque pourtant, mais très éloignée de la langue nationale. Ils s'installent au pied du Mont Olympe pour cultiver du tabac, et grâce à leur travail acharné, acquièrent quelques champs et sortent enfin de la misère. Trois de leurs fils émigrent à l'étranger, comme des centaines de milliers de Grecs, pour connaître une vie meilleure. Destin d'une famille de paysans sous le signe de l'exil, et surtout, portrait d'une femme rebelle, à qui la misère, le dur travail de la terre, les accablantes tâches ménagères et les trop nombreuses grossesses ont "asséché l'âme", mais qui trouve parfois un espace de liberté, seule dans la nature. Un style sobre pour évoquer ces vies où les actes priment sur les sentiments, dont l'expression est souvent vécue comme une faiblesse. Des dialogues minimalistes dans ce monde de "taiseux", qui se parlent bien plus à eux-mêmes qu'aux autres.