" Mon père, dit Haydée en relevant la tête, était un homme illustre que l'Europe a connu sous le nom d'Ali-Tebelin, pacha de Janina, et devant lequel la Turquie a tremblé. " Ali Pacha, personnage historique utilisé comme ressort dramatique secondaire dans Le Comte de Monte-Cristo, réapparaît presque vingt ans plus tard sous la plume de Dumas, dans une chronique historique qui lui est tout entière consacrée et qui, jusqu'à aujourd'hui inédite en français, est imprimée en italien dans l'Indipendente, journal napolitain de Dumas, entre octobre et décembre 1862. Sa genèse est marquée du coin de l'extravagance : séduit par des lettres que lui adresse Sa Le prince Georges Castriote Skanderberg, président de la junte gréco-albanaise, Alexandre Dumas, à peine remis de son épopée au côté de Garibaldi, s'enflamme pour la cause de l'indépendance de la Grèce et de l'Albanie, multipliant par ailleurs dans son journal les articles relatifs à la question grecque, jusqu'à ce qu'une cruelle désillusion ne dissipe le mirage politique. Ce portrait du terrible pacha de Janina, tyran d'origine albanaise entré en révolte ouverte contre l'Empire ottoman, constitue donc un écrit de circonstance, voire de propagande, un biais pour populariser la cause que l'auteur a embrassée : Ali Pacha, " homme qui avait à la fois en lui du Tibère, du Caligula et du Néron " , symbole de la résistance face à l'oppression turque qui avait jadis tant impressionné Byron, est en même tant une figure éminemment romantique de la force qui va ".