" Il était une fois une femme qui avait une fille. Souvent, la mère envoyait son enfant ramasser des herbes dans les près. Un jour de mai, où les champs fleurissaient et les branches bourgeonnaient, la jeune fille entra dans un pré, et au lieu de ramasser des herbes, elle se mit à cueillir des coquelicots. Avec une aiguille, elle les cousait sur sa robe. Tandis qu'elle se parait de la sorte, et piquant de-ci, de-là, se couvrant de coquelicots de la tête aux pieds, figurez-vous que trois fées, trois mira, passèrent. En voyant notre coquette, les trois fées éclatèrent de rire - y compris la cadette, qui n'avait encore jamais ri. Si bien que les fées dirent à la jeune fille : - Tu as fait rire notre sœur, et c'était la première fois. Pour te remercier, nous allons former des vœux pour toi. La première dit : " Je souhaite que ces fleurs sur ta robe se changent en autant de perles et de diamants. " La deuxième renchérit : " Je souhaite que tu sois belle comme le jour, et qu'à chacune de tes paroles, des roses et des églantines jaillissent de ta bouche. " Et la troisième, la plus petite, ajouta : " Puisque tu m'as fait rire, voici mon vœu ; je souhaite que le roi, qui passera tout à l'heure, perde la tête en te voyant. Alors, il t'épousera. " Et la jeune fille se métamorphosa. Recueillis de la bouche de conteurs populaires au cours des XIXe et XXe siècles, voici pour la première fois en français, une moisson de récits, légendes et contes, montrant le visage d'une Grèce multiple, à la fois fidèle à son riche passé et ouverte aux influences extérieures. Les fables d'animaux, puisant leur source chez Esope, révèlent la survivance d'une malice vieille de trois millénaire. Les contes de fées, d'inspiration médiévale, tissent une toile plus occidentale, tout en conservant certaines croyances antiques. Contes fabuleux, magiques, héroïques ou cruels, ces récits sont à l'image de la Grèce et de Chypre : un carrefour de l'ancien et du moderne, de la mythologie et du christianisme, de l'Orient et de l'Occident.