Elles sont neuf, comme les Muses. Très différentes,
dans un sens, à commencer par l’âge : près de quarante ans séparent
l’aînée de la benjamine. Mais certains traits les rapprochent. Leurs
histoires, quelques scènes à l’étranger mises à part, quittent rarement
la mère patrie. La famille, comme toujours en Grèce, occupe souvent le
premier plan. Les féministes noteront, à juste titre, le retour fréquent
ici de la figure de l’homme (père, mari, amant) absent ou défaillant…
Autre point commun : des écritures fortes, voire aventureuses, dans les
thèmes comme dans la mise en mots. Mais le plus frappant sans doute,
c’est de voir présent à ce point, aujourd’hui encore, même dans les
histoires des plus jeunes, le passé grec, avec les malheurs de
l’Occupation allemande, de la Guerre civile qui suivit, de la dictature,
de la pauvreté endémique, un passé qui ne passe pas, avec aussi le
souvenir si vivace de la Grèce campagnarde d’hier, surtout connue
désormais par les récits familiaux, inépuisable réservoir d’histoires.
Et l’on vérifiera en passant que la Grèce, décidément, est l’un des pays
où l’on parle le plus avec les morts…