« Il faudrait reprendre le Littré, le poursuivre, le mettre à jour... » a suggéré Paul Valéry. L'appel a été entendu, à Alger, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, par un jeune avocat frustré de ne pas trouver dans les dictionnaires les mots justes qui lui manquaient.
Paul Robert (1910-1980) se jette alors dans l'aventure lexicographique, à la façon dont on lance aujourd'hui une start-up, en constatant qu'un besoin n'est pas couvert : « L'idée de mon futur dictionnaire commençait à cheminer en moi, à mon insu. Dès ce moment, je compulsais fréquemment le vieux Littré et les six volumes du Larousse du XXe siècle, mais je n'y trouvais généralement pas ce que j'y cherchais, c'est-à-dire les associations des mots les uns avec les autres... C'est de cette époque que datent mes premiers essais de classement des mots par association d'idées, autour de quelques thèmes. »
Tout est à construire : fixer la ligne éditoriale, mobiliser une équipe, réunir des financements. Paul Robert relève le défi. Les six volumes du Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française - plus connu sous le nom de Grand Robert - sont publiés en souscription entre 1953 et 1964.
Le Petit Robert complète la collection en 1967. À l'occasion de son cinquantenaire, Jérôme Robert retrace la success story de Paul Robert, le dernier grand lexicographe français.