Robin des bois volant aux riches pour donner aux pauvres. C'est la figure légendaire du "bandit social" : hors-la-loi pour le souverain, il apparaît comme un vengeur, un justicier et un héros aux yeux de la société paysanne. Des haïdoucs, bandits des Balkans, aux cangaçeiros du Brésil, en passant par Jesse James et Billy the Kid, le grand historien britannique Eric J. Hobsbawm retrace, dans cet ouvrage passionnant devenu un classique, l'histoire mouvementée du banditisme social.
Prenant ses distances avec l'histoire officielle, Hobsbawm inscrit le destin de ces marginaux dans l'étude des structures économiques et sociales qui conditionnent leur apparition, établissant notamment un lien entre les "épidémies de banditisme" et d'intenses phases de crise économique. Dans cette histoire de la violence sociale, le personnage du bandit apparaît comme le masque de communautés paysannes réagissant à la destruction de leur mode de vie, ombre peuplant une zone incertaine, entre criminalité organisée et mobilisation politique.
Hobsbawm décèle dans l'histoire des bandits l'une des généalogies primitives des mouvements sociaux. Jusqu'à aujourd'hui, la question du bandit demeure : comment, pour des révoltés, passer de la délinquance à la politique ?