Ànghelos Sikelianos, c’est l’enthousiasme, la générosité, la profusion incarnés. Sa vocation, c’est de tout rassembler, tout réconcilier, tout célébrer : la nature et l’homme, l’humain et le divin, le visible et l’invisible, la raison et le sentiment, la chair et l’esprit, l’hier et l’aujourd’hui, Dionysos et Jésus. Ses poèmes chantent inlassablement, tout au long de cinq forts volumes, cette union, cette communion immense, ces noces universelles, et tant pis si elles sont moins réelles que rêvées. La poésie a rarement été aussi fervente, le monde aussi beau et l’avenir aussi radieux. En lui se réincarnent la pythie de Delphes et les prêtres d’Eleusis. La poésie avec lui se fait visionnaire, prophétique, invocatoire aussi : presque toujours, chargé d’un précieux message, le poète s’adresse à quelqu’un, que ce soit Dieu-le-père ou son fils, un dieu ou une déesse antique, une néréide ou la femme aimée, un ami ou toute l’humanité, sa terre natale ou toute la Grèce, une étoile ou l’univers entier, voire on ne sait qui ou quoi. Et dans tous les cas, au lecteur, bien sûr. Le poème sikélien vous prend par le bras comme un compagnon d’ivresse.