Miles : l'autobiographie, publié aux Etats-Unis en 1989, est un livre essentiel de l'histoire du jazz, qui relate la vie et la carrière de plus de quarante ans de Miles Davis, ce fils de la bourgeoisie noire de St Louis. Dès l'adolescence, Miles Davis a compris que le monde prestigieux de la grande musique auquel le destinait son éclatant don était la chasse gardée des Blancs. A moins d'accepter, ce que Miles a toujours refusé, de jouer les "Oncle Tom".
C'est sa vraie famille, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, qu'il cherchera à retrouver dans les clubs de Harlem ou de la 52e Rue, dans la fureur d'un après-guerre déchaîné. Avec Dizzy et Bird, Thelonious Monk, Bud Powell, Gil Evans et tous les autres grands noms du be-bop, Miles se sentira enfin accepté. Sa vie durant, ils resteront ses compagnons de route. En 1959, il enregistre, notamment avec John Coltrane, Cannonball Adderley et Bill Evans, un album essentiel, Kind of Blue, qui reste le disque de jazz le plus vendu dans le monde.
Malgré un parcours parfois chaotique (l'alcool, la drogue, la maladie, la folie en font partie), il survivra grâce à ses amis, grâce aux femmes qui ne lui résistent guère, grâce surtout à sa passion pour la musique et à son caractère indomptable. Miles Davis n'a peur de rien : ni de la hargne raciste, ni de ses désirs, ni de ses excès, ni d'opérer par son seul charisme la fusion réputée impossible entre jazz, rock, pop et musique antillaise, au travers de séances devenues légendaires, comme In a Silent Way, Bitches Brew, ou encore plus tard Tutu.