“Je ne suis pas descendu du bateau à Port Saïd. Je suis resté des heures à regarder le bout du canal, du côté de la mer Rouge, m’imaginant des ports avec mes yeux aveuglés par le soleil. Et lorsque, à la tombée de la nuit, j’ai entendu qu’on levait l’ancre, j’ai eu l’impression d’être le modeste héros du conte qui reste des heures devant la porte ouverte d’un jardin enchanté, en se contentant de respirer le parfum enivrant des fleurs et en écoutant gazouiller des oiseaux invisibles, sans pouvoir pénétrer dans le jardin, parce qu’on l’a attaché. Et quand le bateau est reparti, je suis resté à l’arrière, près du loch, en regardant clignoter l’œil énorme du phare, submergé par un chagrin semblable à celui qu’on éprouve quand on laisse passer une occasion de s’enfuir.”
Des textes inédits en français de Nikos Kavvadias, le “poète des mers”.
Marseille, Port Saïd, Argostoli…, l’inconnue à qui l’on écrit du bord que l’on ne quitte pas, les heures de quart qui s’étirent, les typhons des eaux du Pacifique : des pastilles tantôt grises, tantôt colorées, par le Blaise Cendrars de la littérature grecque du XXe siècle.
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