Quatre femmes des années 90, appartenant à un milieu aisé, passent leur temps à discuter ensemble de leur unique souci : l’amour (absent) et les hommes qu’elles fréquentent (décevants). Elles rêvent d’un voyage en Thaïlande qui les sortira de leur existence vide, et elles ne partiront jamais : elles en sont incapables.
On croit d’abord avoir affaire à une critique des femmes de la bourgeoisie, souriante et agréable, une de plus ; mais si cette dimension satirique existe ici, elle reste secondaire, et s’il est vrai qu’on rit souvent, d’un bout à l’autre, cette pièce-là n’est pas une comédie comme les autres.
Il n’y a pas de crescendo, de paroxysme final ; pas de rôles principaux et d’autres subalternes, mais quatre personnages égaux entre lesquels se déroule un ping-pong verbal incessant, un mouvement perpétuel effréné, vertigineux qui pour finir — puisque ces femmes ne bougent pas, ne bougeront pas — confine à l’immobilité. On tourne en rond.
Pour animer ainsi toute une pièce sans le soutien d’une progression dramatique, il faut déployer des trésors d’invention. C’est le cas. Fortes femmes est une prouesse technique, un feu d’artifice.
La pièce est régulièrement jouée en Grèce, devant toutes sortes de publics, et le succès ne se dément pas. Les Grecs sont conscients de tenir là une de leurs plus belles pièces contemporaines. Un classique, déjà.
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