Rarement l'ironie d'Irène Némirovsky aura fait autant de ravages ! Fils et filles hantés par leur hérédité côtoient des hommes brusquement dépouillés de leurs atouts, des femmes abîmées dans le regret, des maris jaloux ou amers. Et pourtant, si fragile que soit le sort de ces personnages, un fil les relie à la vie. Il court d'un bout à l'autre de ces douze nouvelles, où Irène Némirovsky emprunte des chemins nouveaux, du scénario aux histoires de fantômes. Jusqu'à ce dernier et éblouissant récit, «Les vierges», publié en 1942 avant qu'elle ne soit déportée à Auschwitz, et ce cri poussé par Camille : «Je suis seule comme vous à présent, mais non pas d'une solitude choisie, recherchée, mais de la pire solitude, humiliée, amère, celle de l'abandon, de la trahison.»