"Jean, mon frère, venait d'acheter un voilier et m'invitait à passer quelques jours en mer. Je n'étais pas certain que ce soit une bonne idée que nous partions en vacances ensemble. Quand je dis "nous", je ne pensais pas à Jean. Je pensais à Jeanne. A Jeanne et moi." Il ne faut pas manquer le deuxième roman de Vincent Almendros. Cet auteur de 36 ans réussit la prouesse, en eaux troubles et en 96 pages, de tenir à la fois une histoire d'amour, un thriller marin, un récit de la fraternité et un huis clos à ciel ouvert.
Les trois sont ambigus et le mystère ne se lève, cruel et ricanant, qu'à la toute dernière page. Pierre, le narrateur, embarque à Naples sur le voilier de son frère, Jean. Le premier est venu avec la blonde Lone, sa petite amie suédoise qui termine une thèse sur la parité homme-femme. Le second vit depuis sept ans avec Jeanne la brune, dont Pierre fut l'amant. Le bateau glisse lentement vers Capri.
Il fait une chaleur caniculaire. L'air est irrespirable. Les corps exsudent. Le jour, la mer est d'huile et, la nuit, "goudronnée". Les méduses prolifèrent, qui remontent le temps et le courant avec leurs "ombelles opalines". Pierre et Jeanne s'observent, se frôlent, se rapprochent et se retrouvent dans la cabine. Rien n'est appuyé. Tout est suggéré. Etonnant peintre d'atmosphère, Vincent Almendros écrit à l'aquarelle.
C'est de la littérature. Et de la meilleure. Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur